Filière maritime : la Nef se lance dans l’économie bleue éthique

Pour parler du transport maritime, il faut avoir en tête les chiffres suivants :

  • 80 % du commerce mondial en valeur et 90 % en volume se fait par voie maritime.
  • Chaque année, plus de 400 000 touristes débarquent par des ferries assez polluants sur Belle-Île en Bretagne et 6 000 par jour sur Porquerolles.
  • La durée de vie moyenne d’un bateau en France est de 40 ans. Vie au cours de laquelle il passera l’équivalent d’une année en mer seulement.

Ces quelques chiffres donnent le tournis et en disent beaucoup sur les enjeux de cette filière. À l’image de l’engagement de la Nef auprès de la filière bio pour soutenir une agriculture durable et bonne pour la santé de l’Homme et pour la planète, il y avait beaucoup de sens à s’intéresser à la filière maritime, ses enjeux, ses solutions…

Le mot de l’expert : Gwenn Seiller, banquier itinérant à la Nef

Passionné de voile, de plongée et de la mer plus globalement, c’est donc par appétence pour le secteur que j’ai commencé à me pencher sur les initiatives existantes et en devenir.

J’ai pu d’abord accompagner Guillaume et Jeff dans le financement de leur goélette qui opère des transatlantiques pour transporter des épices, du rhum, du café, du cacao (Blue Schooner Company). Ce projet très militant m’a permis de beaucoup apprendre sur les enjeux du transport à la voile.

Travailler sur une nouvelle filière, c’est aller à la rencontre des acteurs du milieu, apprendre à les connaître et surtout leur montrer qu’on maîtrise le sujet. Pour savoir comment positionner la Nef dans une nouvelle filière, il faut aussi analyser les différentes échelles d’enjeux et voir là où nous pouvons avoir le plus d’impact. Pour un bateau par exemple, nous pouvons identifier deux enjeux importants. Le premier, lors de la production des coques qui sont faites avec beaucoup de « chimie ». Le second, lors de sa propulsion car un bateau vit longtemps et la propulsion diesel est généralisée.

5 projets maritimes financés en 2023

L’ADN de la Nef, c’est le militantisme dans les dimensions sociale, écologique et le choix de l’économie que l’on veut soutenir. Quand Harold et Dimitri ont voulu reprendre Yellow Impact Sailing (ex Team Winds), j’ai senti que nous devions soutenir leur initiative. Leur projet ? Conserver et entretenir une flotte d’une trentaine de bateaux, pourtant vieillissante mais capable de naviguer encore une bonne décennie. Ils ont de plus intégré énormément de pédagogie vers la sauvegarde du milieu marin dans leurs prestations. Un projet qui m’a paru incontournable !

Chaque projet financé ensuite dans le domaine a répondu à au moins un enjeu de la filière : allongement de la durée de vie des bateaux avec Yuniboat de Thierry Boussion, éducation et études sur les enjeux du réchauffement climatique en Arctique avec Unu Mondo Expédition.

Skravik, coopérative armatrice de voiliers de travail (29)
Crédit photo : Mathieu Dupont

Enfin, l’un de mes coups de cœur 2023 (même si c’est difficile de choisir), est la SCIC Skravik. Ils se sont donné la mission de prouver que des navires de travail à la voile moderne peuvent façonner un avenir durable pour les territoires littoraux. Au menu, pêche à la voile, formation et mission scientifique au large de Brest.

En 2024, nous devrions accompagner encore de nouveaux acteurs dans cette lignée mais ce sera pour la liste des financements 2024.

Il y a encore beaucoup d’enjeux dans la filière, sur lesquels la Nef pourrait se positionner à l’avenir, notamment sur les méthodes de construction des navires.

Cet article a été rédigé par Gwenn Seiller pour la liste des financements 2023.

Photo principale : Uno Mundo – Thomas Bour